La Servante Ecarlate – Margaret Atwood

Devant la chute drastique de la fécondité, la république de Gilead, récemment fondée par des fanatiques religieux, a réduit au rang d’esclaves sexuelles les quelques femmes encore fertiles. Vêtue de rouge, Defred, « servante écarlate » parmi d’autres, à qui l’on a ôté jusqu’à son nom, met donc son corps au service de son Commandant et de son épouse. Le soir, en regagnant sa chambre à l’austérité monacale, elle songe au temps où les femmes avaient le droit de lire, de travailler… En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté.

Comme beaucoup, j’ai découvert La Servante Écarlate grâce à l’engouement général pour ce roman et le contexte actuel. L’histoire de Margaret Atwood a fait beaucoup parler d’elle ces deux dernières années, avec une réédition et une adaptation en série. Si cette dernière m’a tout de suite attirée, je voulais d’abord me plonger dans le livre et m’approprier l’univers si particulier de cette dystopie avant d’en voir les images sur grand écran.

Les Etats-Unis sont dirigés par la République de Gilead, fondée par des fanatiques religieux. Dans cette société, les femmes ont chacune un rôle bien défini et se doivent de le remplir avec exemplarité, sans jamais défaillir ni sortir du rang. Parmi elle, nous suivons l’évolution de Defred, une Servante Ecarlate, qui a pour seule et unique mission d’engendrer un enfant avec le Commandant, un homme de pouvoir que les dirigeants lui ont attribué. Defred est obligée de cohabiter avec l’Epouse du Commandant et les Martas, les femmes chargées de l’entretien de la maison. Le quotidien de Defred est millimétré et chaque jour se ressemble. Aucune liberté de mouvements ni de pensée ne lui est autorisée. Son identité, son propre nom lui a été enlevé.

Bien que l’histoire soit profondément révoltante, je n’ai pas été particulièrement convaincue par les personnages. Defred apparait comme une femme soumise qui accepte son sort et qui s’en accommode. Il nous faut attendre le dernier quart du livre pour la voir réagir et tenter de reprendre sa vie en main et faire ses propres choix. Le Commandant et l’Epouse ont été pour moi les protagonistes les plus empathiques. Il est impossible de parler d’attachement mais leur décisions et leurs actes sont compréhensibles. Difficile de savoir comment nous, lecteurs, aurions réagi à la place des ces hommes et femmes qui occupent un rôle dans la société qu’ils n’ont pas choisi. Tous ont du faire des sacrifices et souffrent de la situation.

Le plus difficile à accepter, c’est l’enchaînement des événements qui ont conduit à une telle société de soumission et de terreur. Il s’agit d’un monde nouveau, dans lequel Defred et les autres personnages tentent d’apprendre à vivre. Car il n’y a pas si longtemps, les femmes jouissaient encore de leur liberté et de leur indépendance. A travers les nombreux souvenirs de notre Servante Ecarlate, Margaret Atwood relate les différents événements qui ont bouleversé la population et amené des fanatiques à prendre le pouvoir. J’ai été profondément touchée par les mots de Defred relatant sa vie passée. À travers ses paroles, l’auteure tente de nous faire comprendre que notre liberté est fragile, qu’il suffit d’un rien pour que tout ce en quoi nous croyons soit balayé.

Impossible de rester de marbre face au déroulement de l’histoire. Margaret Atwood nous pousse à nous remettre en question, plaçant le droit des femmes au cœur d’une histoire poignante et parfois difficile à lire. Si certains passages peuvent paraître cruels, ils sont néanmoins nécessaires afin de s’imprégner complètement de l’atmosphère oppressante et du danger constant qui ne quittent pas les personnages. Tout au long des pages, l’auteure attache une grande attention aux descriptions. La moindre fleur, le moindre pan de mur est décrit de manière très précise. Loin d’alourdir le texte, je l’ai plutôt vu comme un échappatoire pour notre héroïne. Le monde dans lequel Defred évolue est si difficile qu’elle se concentre sur le moindre petit détail l’entourant pour oublier quelques instants la tristesse qui l’entoure. Les dernières pages sont particulièrement éprouvantes, amenant un dénouement des plus inattendu qui m’a laissé pantoise.

En bref, La Servante Ecarlate est un roman que l’on se doit de lire. J’ai lu plusieurs fois sur Internet que le livre de Margaret Atwood devrait être intégré au programme scolaire et je suis entièrement d’accord. L’histoire de Defred est une véritable sensibilisation au monde dans lequel nous vivons. Il remet en question nos sociétés, nos gouvernements, nos droits et nos libertés.

5 réflexions au sujet de « La Servante Ecarlate – Margaret Atwood »

  1. Ping : Challenge #2 – Si j’étais un livre – Au Fond du Tiroir

    • Je ne me suis pas encore lancée dans la série, maintenant j’ai peur d’être déçue… C’est une histoire assez impressionnante et qui peut être effrayante de plusieurs façons en effet mais une fois que tu l’as commencé, tu te prends vite dans l’histoire 😉

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  2. Ping : CHALLENGE #1 – Les Séries – Au Fond du Tiroir

  3. Je vois cette auteure partout et du coup je sais qu’il faudra que je la lise. Ce que tu dis de ce livre me donne envie de m’attaquer à celui-ci mais je pense qu’il faut que je sois dans de bonnes conditions psychologiques pour ça…

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